Description
L’islam est une religion[1] monothéiste révélée au même titre que le judaïsme et le christianisme. « Il conçoit l’Univers comme une création volontaire d’un Etre absolu, incréé. Le Dieu d’Abraham, de Moïse, de Jésus et de Mohammad est Un. Il se révèle comme Personne distincte du monde crée » (Bammate, 2011). Le Coran, livre sacré des musulmans, représente la principale source de l’islam.
Étymologiquement, le fiqh a pour sens « comprendre » et « assimiler ». D’une manière plus large, cette notion englobe une compréhension du monde, de son histoire, de sa destinée, de l’action de Dieu sur celle-ci, et du rôle que l’homme a à jouer sur Terre. D’un point de vue terminologique, ce terme signifie en arabe la connaissance des règles juridiques pratiques tirées des sources. La vocation première de la jurisprudence en islam est de rendre aisées et limpides la compréhension et la pratique de la foi. La science des fondements de la jurisprudence, ou ussûl el fiqh, cherche elle à fixer les principes sur lesquels repose la jurisprudence (droit pratique).
Les sources de droit sont principalement le Coran et la sunna, unanimement reconnus en islam par tout musulman car de nature céleste et très tôt consignées méticuleusement par écrit. La sunna représente la voie, le chemin, que trace pour le musulman l’ensemble des sagesses prophétiques et des enseignements pratiques transcrits par écrit dans le hadith (paroles, actes, approbations, décisions, dires rapportés par ses compagnons), transmis selon des règles strictes de génération en génération. Selon les sources musulmanes, la révélation de la parole divine a eu lieu durant de la nuit d’al-Qadr. C’est au cours de cette nuit, qui a une valeur particulière, que Dieu détermine la destinée de chaque homme (sourate 44, verset 4).
D’autres sources de droit s’ajoutent à ces deux références sacrées, en concordance et en continuité avec elles, inspirant ainsi des principes de sagesse, de souplesse et d’ouverture : l’ijmâ’ ou consensus des juristes en accord sur des questions divers en matière jurisprudentielle, le raisonnement par analogie, qiyâs, l’istihsân ou recherche de la meilleure solution, l’istiçlâh, ou recherche du bien commun. Cette approche compartimentée de l’islam en disciplines scientifiques est la conséquence historique de l’éclatement d’un modèle solidaire d’éducation, de gouvernement, de gestion de la société, de l’économie. L’ijtihâd est un effort individuel ou collectif d’interprétation des sources de l’islam. L’islam est dynamique par essence : ses sources font l’objet d’interprétations et d’avis qui évoluent en fonction du temps et de l’espace.
Les abus et les dérives d’un pouvoir très tôt usurpé marquent la fin d’une période de stabilité, centrée sur l’homme et sur l’édifice d’une société fraternelle garantissant à chacun la possibilité de s’épanouir spirituellement au sein d’un projet de cheminement collectif vers un idéal de justice. Le pouvoir temporel s’est défait du joug et de la supervision du pouvoir spirituel et de la morale, jusque-là garants de l’intégrité et de l’équilibre du système au sein du monde musulman.
[1] Le terme « religion » est entendu ici dans le sens que lui confèrent Lactance puis Augustin. Il vient selon eux de relier (religare). Pour eux, la religion devrait être « ce qui relie à Dieu et à lui seul ». Pour le philosophe et l’historien des religions Baudouin Decharneux, le philosophe Lactance propose une définition de la religio différente de celle développée par Cicéron. Pour ce penseur du IIIème siècle, elle tirerait son origine du verbe religare (relier). C’est ce lien qui unirait l’homme à Dieu. Cette interprétation privilégie un lien vertical entre l’homme et Dieu (Decharneux). Pour Baudouin Decharneux, Saint Augustin estime que, seul ce lien serait en mesure de réhabiliter une foi reliant l’âme humaine à Dieu. Il accorde une place importante à l’amour que doit accorder la créature pour son Créateur. Pour lui, l’union avec Dieu est la finalité de la quête qu’il assigne à celui qui a la foi (Decharneux). Religare a à la fois une dimension collective (la foi d’une communauté par rapport à son Dieu) et personnelle (la foi qui attache Dieu à l’homme). Cette dernière englobe deux aspects : la foi qui attache Dieu à l’homme (présence) et l’homme à Dieu (participation).